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Text/ures de l’objet livre

Serions-nous, comme le proclame François Bon, « après le livre » ?

Citant notamment Walter Benjamin, pour qui au début du vingtième siècle « tout indique maintenant que le livre sous sa forme traditionnelle approche de sa fin », Bon se fait la réflexion suivante : « Et si le fait que cette phrase ait été écrite et publiée en 1927 par un penseur essentiel indiquait seulement que l’idée de rupture est peut-être inhérente au livre qui n’a jamais vraiment eu de forme ‘traditionnelle’, en tout cas aucucune qui puisse participer de la définition même du livre, si tant est (avec Kant par exemple) qu’on puisse parvenir à la produire ? » (Après le livre, 123) À cet égard, Johanna Drucker, s’appuyant quant à elle sur la pensée de Jerome McGann, souligne le dynamisme propre au support livresque : « Un livre n’est jamais identique à lui-même. Un livre n’est pas artefact statique et inerte que l’on referfe sur sa couverture » (« A book is never ‘self-identical’. A book doesn’t close on itself as a static, inert artifact between boards or covers. »)

De telles lectures invitent alors à l’élargissement de la définition de l’objet-livre, dont la matérialité peut être étendue au-delà du seul codex pour inclure les dispositifs numériques. La question que nous souhaiterions soulever à l’heure où l’on pose volontiers une nouvelle « fin du livre » est alors celle, plutôt, du redéploiement de l’objet-livre autour de ce qu’on pourrait appeler sa texturalité. Tandis que les livres-objets soulignent des potentialités livresques jusqu’ici peu développées, ces textures nouvelles et/ou réinventées au prisme du numérique révèlent simultanément la part que jouent l’hybridation, la transposition ou la transmédiation dans nos pratiques textuelles contemporaines, de la conception d’une œuvre à sa lecture/performance, en passant par sa réception critique ou son archivage.

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